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 Genesis II [Création Originale Non Achevée]

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MessageSujet: Genesis II [Création Originale Non Achevée]   Genesis II [Création Originale Non Achevée] EmptyLun 8 Fév - 16:47

Prologue



La Terre : une planète verdoyante, pleine de vie, sous ses formes les plus abondantes et variées. Du moins, c'est ce qu'elle fut. Il y a en effet presque cinq cents ans de cela, cette Eden a sombré dans le chaos et la mort. Les dirigeants des grandes puissances politico-économiques, ne parvenant plus à obtenir des accords et des consensus, ne purent repousser davantage l'inexorable : une guerre éclata. Mais cette guerre ne fut pas comme les autres. Si pendant les premières années de l'époque moderne, l'humanité disposait d'armes meurtrière pour faire la guerre, elle n'avait pas encore découvert la pire de toute. Cette nouvelle guerre mondiale fut une guerre nucléaire, et chaque pays usa sans vergogne de ses capacités de frappe atomique, plongeant rapidement la planète entière dans un climat de terreur et de chaos.

En quelques années à peine, la totalité du globe fut balayée par les radiations et près de la moitié de la population humaine fut arrachée au monde des vivants. Ce qui restait des hommes du se battre pour survivre ; se battre contre l'environnement de la planète, devenu hostile. Pendant les cinq cents dernières années, la rigueur du climat et l'hostilité de la faune planétaire réduisit encore de moitié la population humaine. Mais tout espoir n'était pas encore perdu. Les survivants s'établirent en petites sociétés aux quatre coins du monde, créant ainsi de véritables petits États indépendants. Les premières années sous ce régime furent un véritable salut pour la population survivante, mais très vite les approvisionnements devinrent impossibles à gérer, les villes ne se suffisant plus à elles-même. L'autarcie n'étant plus envisageable, chaque cité nomma une personne pour la représenter à une réunion qui donna lieu à la création du C.F.H, le Conseil Fédéral Humain.

Il en suivit des années tranquilles pour les habitants des cités du C.F.H. Les denrées se faisaient moins rares, les conditions de vies étaient plus qu'agréables. Mais rapidement, les membres du premier C.F.H s'étant tous éteins au fil des années, les successeurs aux postes profitèrent allègrement de leur position pour asseoir leur suprématie et s'octroyer de nombreux privilèges. L'humanité recula ainsi de plusieurs siècles en arrière dans son organisation politique et revint au système médiéval des privilèges. Ainsi, seuls ceux qui purent acheter les bonnes grâces des dirigeants purent conserver leur mode de vie au confort exquis tandis que le reste vit peu à peu leur quotidien se dégrader pour en arriver à des conditions déplorables. Les écarts sociaux se creusèrent, causant certains défavorisés à vivre en marge des autres, ce qui les conduisit à être considérés comme des hors-la-loi. L'humanité vit sa condition empirer au fil des années, les denrées devenant plus rares les unes que les autres et les services vitaux tels que la médecine, par exemple, perdre de leur efficacité, leur savoir s'effilochant au fil des âges qui passaient.

Cette évolution se produisit simultanément dans toutes les villes qui abritaient encore la vie humaine, à travers toute la planète. Seule une ville semblait avoir rompu tout contact quelques temps après la fin de la guerre. Cette ville était celle de Johannesburg, et personne n'avait plus eu de nouvelles de la capitale sud africaine depuis la réouverture des abris. Intrigués par ce mutisme alarmant, les membres du premier C.F.H avaient organisé une grande mission de sauvetage, persuadés que la capitale était en péril, en proie a des guerres civiles ou d'autres catastrophes. L'expédition fut envoyée, mais seul deux hommes en revinrent, dans un état trop déplorable pour pouvoir parler. L'un d'eux était si mutilé qu'il ne pouvait plus parler, et finit par mourir deux jours après son retour. L'autre, quant à lui, fut enfermé dans une cellule où il délira jusqu'à son dernier souffle, parlant d'êtres extraordinaires qui avait pris le contrôle de la planète et dont le but était d'anéantir l'humanité. Il fut bien entendu considéré comme fou, et oublié de tous – excepté par sa famille – et mourut ainsi seul au bout de plusieurs années à délirer. Nombreux furent ceux qui tentèrent par la suite d'aller découvrir d'eux-même ce qui était advenu de Johannesburg, mais aucun ne revint en vie de ces expéditions, aboutissant à une loi interdisant de se rendre à Johannesburg. Le CFH déclara alors la ville et sa périphérie zone dangereuse, et plus personne n'en entendit parler. Johannesburg devint un mythe, qui se transforma au fil du temps, passant de cité maudite à nouveau paradis sur Terre. Personne ne sut jamais ce qui s'y trouvait, mais le mythe grandit sans cesse et se perpétua dans le temps.

Voilà ce qui se passa ces cinq cents dernières années. L'humanité vit à présent depuis ces cinq derniers siècles dans un climat polaire qui à dominé tout le globe, luttant pour survivre. La Terre, berceau de l'humanité, devenait peu à peu son tombeau. Mais notre histoire concerne une jeune fille, ordinaire au premier regard, mais dont le destin était lié à l'avenir de l'humanité. Et ce n'est que lorsqu'elle croisa la route d'un vagabond que tout bascula pour elle … Notre histoire commença à North Platte, au Nebraska, dans une petite bourgade sans histoire, jusqu'à l'arrivée d'un singulier personnage.








Chapitre 1



La plaine était déserte et silencieuse. Seul le bruit du vent et du moteur de la voiture venait rompre ce silence macabre, pourtant si coutumier de ce qui restait des États-Unis d'Amérique. Au milieu de l'épaisse couche de neige qui semblait recouvrir l'ensemble du continent, la voiture filait, aussi vite que son pauvre et vieux moteur le lui permettait. Assis au volant, le jeune homme bailla bruyamment. La fatigue commençait à le gagner, et la nuit tombait également. Il lui faudra donc s'arrêter dans peu de temps et passer la nuit emmitouflé dans ses couvertures, sur la banquette arrière, pour ne pas mourir de froid. Ainsi, une fois les dernières lueurs de l'astre solaires disparues sous la ligne d'horizon, il fut contrait de trouver un abri. Malgré l'obligation de dormir dans sa voiture, il n'allait pas prendre le risque de la voir enfouie sous une montagne de neige. Il se dirigea donc vers la forêt d'arbres morts la plus proche, et trouva une grotte au bout de quelques minutes.

Il stoppa son véhicule à l'entrée de celle-ci, jouant de ses phares et de son klaxon pour vérifier qu'elle était bien vide, puis y entrant son véhicule. Il coupa alors le contact et entreprit d'aller chercher ses couvertures dans le coffre. En sortant, il pu constater que même si la température à l'intérieur de la grotte était encore très basse, elle n'en demeurait pas moins rude que celle du dehors. Une fois qu'il eu prit ses couvertures, il alla s'installer sur la banquette arrière. Il prit soin de verrouiller la voiture, pour éviter qu'un animal ne puisse l'ouvrir si jamais il la trouvait. Il n'avait guère envie de se faire dévorer dans son sommeil ; cette mort ne l'enchantait pas, ni aucune autre d'ailleurs. Il avait encore du temps devant lui, aussi espérait-il ne pas avoir à faire face à la mort sous peu.

Il s'installa confortablement, ferma les yeux et s'endormit. La nuit se passa comme les autres, sans incident. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il constata avec désespoir que le vent n'avait pas cessé de souffler pendant la nuit. Il se hâta donc de se remettre en route et sortit son véhicule de la grotte sans plus tarder, reprenant son chemin qui le menait à une destination inconnue. Il continua son vagabondage encore longtemps, et à la mi-journée, il atteignit un petit village. Il s'arrêta à l'entrée, préparant son manteau, son écharpe ainsi que ses armes. Il sortit sa machette du sac dans lequel il l'avait rangée, ainsi qu'une arbalète de fortune, mais néanmoins fonctionnelle, du coffre avant de s'engager dans les rues désertes du village, qui semblait abandonné depuis plusieurs années déjà.

Il avançait pas à pas, très lentement, et ne relâchait sa garde à aucun moment. Trop désireux de rester en vie, il ne tenait pas à se faire prendre en traître par des parjures ou quelque bête sauvage affamée qui rôdait dans les parages. Il entra dans une maison, puis dans une autre. Après avoir visité quelques bâtisse, il se désola d'avoir constaté à chaque fois le même spectacle attristant : des cadavres, plus ou moins décomposés, parfois mâchouillés, parfois déchiquetés, mais à chaque fois, des familles entières. Les pauvres villageois qui vivaient ici avaient sans doute été pris de court pas une attaque d'animaux sauvages et, se trouvant isolés de toute grande ville – dont les moyens de défense pouvaient aisément repousser une meute de loups en un rien de temps – ils n'avaient pas pu se mettre à l'abri ou à défaut demander de l'aide. La conséquence était aussi macabre qu'inévitable : ils avaient tous péri dans d'atroces souffrance.

Il ramassa cependant tous les objets qu'il trouva digne d'intérêt et qu'il pourrait revendre. Même s'il était triste de voir autant de morts, il ne pouvait pas s'attarder et pleurer sur les morts, ni leur faire de louanges. Ce spectacle ne lui était malheureusement pas inconnu. Il avait déjà rencontré plusieurs villages dévastés comme celui-ci. Aussi se dépêcha-t-il de rassembler tout ce qu'il avait ramasser et de tout déposer dans le coffre de sa voiture. Une fois qu'il eut tout rangé, il se dirigea vers la porte côté conducteur, mais à ce moment précis, il sentit un souffle chaud sur sa nuque et entendit une respiration rauque. Tétanisé, il se retourna très lentement pour voir un immense loup, d'au moins deux mètres de haut, montrant les crocs, laissant un long filet de bave chaude et gluante couler sur le sol, tandis que ses énormes yeux jaunes étaient plantés dans ceux du jeune homme.

Sentant son cœur s'emballer, il tenta de calmer sa respiration et porta lentement sa main droite sur la poignée de sa machette. Il la sera de toutes ses forces, puis, après un long moment d'hésitation, il dégaina et abattit la lame directement dans le museau de la bête. L'impact fit voler une gerbe de sang si épais qu'il en était noir. Il vint aspergé le visage du jeune homme. Le liquide vital était chaud, brûlant même, et il lui arracha un cri de douleur, qui fut cependant masqué par celui de la bête. Attrapant de la neige pour se l'appliquer sur ses brûlures, il se tourne vers sa voiture pour tenter d'y entrer de ficher le camp le plus vite possible avant que le molosse ne puisse se lancer sur ses traces. Mais à peine eut-il fait un pas qu'il fut projeté violemment à plusieurs mètres de son véhicule, s'écrasant dans la neige tandis qu'il ressentait une énorme douleur dans le flanc droit. La bête l'avait frappé de son énorme patte et il avait de mal à garder les idées claires, tandis que sa vision était floutée par la douleur. Il pu néanmoins apercevoir le monstre s'approcher de lui, toutes canines dehors, et il eu, malgré la douleur, la force de lever sa lame et de lui enfoncé le tranchant dans le museau une nouvelle fois.

Le coup fit reculer la bête, qui ne supportait pas mieux la douleur qui lui, et il en profita pour se relever, appliquant de la neige sur ses côtes. Le choc thermique fut violent, mais il lui permit de remettre les pieds sur terre. Sa vision redevint plus ou moins nette, et il banda alors son arbalète pendant que la bête se roulait le museau dans la neige froide pour atténuer la douleur, la tâchant de son épais sang noir et créant des colonnes de fumées alors que la neige fondait sous l'effet corrosif du liquide. Il arma une flèche, mis son arbalète en joue, visa et attendit que la bête le regarde de nouveau. Il siffla pour attirer l'attention du monstre, qui releva la tête et plongea de nouveau ses yeux jaunes dans ceux du jeune homme. Il le fixa du regard pendant un moment qui lui parut une éternité, guettant le moindre mouvement brusque de la créature qui tournait en rond autour de lui. Puis, au moment même ou le monstre se jetait sur lui, il décocha la flèche qui alla se loger dans l'œil du loup, lui arrachant un autre cri plaintif et offrant une occasion à l'humain de prendre l'avantage. La flèche ayant fait perdre l'équilibre au fauve, il fit un pas latéral, dégaina sa machette et l'enfonça dans le crâne de la bête, qui eut à peine le temps d'émettre un dernier gémissement avant de s'écrouler dans la neige, rendant son dernier soupir.

Le jeune homme haletait, plus à cause de la peur qu'il avait ressentit qu'à cause de la fatigue. Il retira son arme de la tête de la bête, appuyant son pied sur le sommet du crâne de cette dernière pour l'extraire de sa cervelle, puis la nettoya en la plongeant dans la neige. Il fut surpris que la propriété corrosive du sang de l'animal n'avait pas attaqué le métal de sa lame, mais se contenta de s'en réjouir, trop heureux de ne pas avoir finit dans l'estomac du monstre. Il rangea son équipement dans sa voiture et s'apprêtait à remonter quand il entendit de nombreux hurlements de loups provenir de la forêt derrière lui. Il se figea, se remémorant trop tard qu'un loup ne se déplaçait jamais seul, puis jeta un regard en arrière pour découvrir le reste de la meute, composé d'au moins une dizaines d'autres loups du même gabarit que celui qu'il venait de tuer. Il lâcha un soupir d'agacement mêlé à de la détresse, puis monta dans la voiture et démarra en trombe. Il poussa le moteur jusque dans ses derniers retranchements, mais il était bien trop usé pour fournir assez de puissances et distancer les loups. L'un d'eux gagna la hauteur de la voiture et frappa la flanc du véhicule, faisant trembler le volant entre les mains du jeune homme. Il tenta en vain d'accélérer, en vain, puis appuya sur les freins de ses deux pieds, forçant les loups qui se trouvaient derrière la voiture à s'écarter, puis il tourna et prit la direction de la forêt.

Il conduisit aussi vite que possible, zigzaguant entre les arbres, les loups toujours à ses trousses. Alors que l'un des molosses avait de nouveau rattrapé la voiture, le jeune homme donna un grand coup de volant sur la gauche, heurtant le loup et le projetant sur un arbre. Le choc tua la bête sur le coup, lui brisa la nuque. Il répéta l'opération plusieurs fois et parvint à éliminer trois loups avec cette méthode. Mais il s'enfonçait beaucoup trop dans la forêt et il devait en sortir avant de tomber sur d'autres créatures plus dangereuses que les loups. Il déboucha soudainement dans une clairière, et remercia un interlocuteur imaginaire de l'avoir mise sur sa route. Il fit demi-tour et fonça dans la direction opposé. Il gagna quelques secondes sur les loups et parvint à les semer – ou bien ils avaient abandonné en voyant que plusieurs de leur congénères avaient périt en tentant de stopper la voiture. Il soupira et finit par sortir de la forêt. Il reprit alors sa direction initiale, soupirant de soulagement. C'est à ce moment qu'un lueur rouge s'alluma sur le tableau de bord, lui indiquant que son niveau d'essence était critique. Réalisant qu'il n'avait plus la moindre goutte de carburant en réserve, il frappa le volant dans un cours accès de colère, puis entreprit de continuer à rouler dans l'espoir de trouver une ville où se ravitailler avant qu'il ne soit à sec.

Le jour allait bientôt toucher à sa fin, et il n'avait presque plus d'essence. Il contemplait avec désespoir l'horizon, espérant trouver une ville à tout instant. Alors que tout espoir s'apprêtait à le quitter, il aperçut au loin, dans la douce obscurité du soir naissant, des lumières. Il poussa un petit hurlement de joie, et écrasa la pédale d'accélération.







Chapitre 2


La ville était en émoi devant l'arrivée d'une voiture déambulant dans ses rues. Visiblement, les habitants de cette région n'étaient pas habitués à voir un véhicule de la sorte, jugea le conducteur, et son hypothèse fut d'autant plus évidente que lorsqu'il remarqua plusieurs calèches tractées par des chevaux de tailles excessivement petite par rapport à tous ceux qu'il avait pu voir. En réalité, ces chevaux ci avaient une taille que l'on considérait comme normale cinq cents ans plus tôt, alors qu'aujourd'hui, les chevaux étaient devenus beaucoup plus grands, comme tous les autres animaux d'ailleurs. Personne ne se l'expliquait, et personne ne semblait chercher à comprendre. Il contempla un moment les créatures majestueuses, étonné qu'on puisse encore trouver des animaux domestiqués dans ce monde, puis continua d'avancer et fini par arrêter son véhicule sur ce qui semblait être la grand place de la ville. Puis il sortit de son véhicule, emmitouflant dans son écharpe qui masquait à présent son visage. Il fut néanmoins surprit de la foule qui s'amassait devant lui. Malgré les distances que les habitants s'efforçaient de conserver entre eux et le nouvel arrivant, ce dernier pouvait sentir une certaine forme d'oppression due aux nombreux regards qui le dévisageaient. Il s'avança pour aller prendre ses affaires dans son coffre, provoquant un mouvement de recul de toute la foule qui tenait visiblement à garder ses distances avec l'étranger, malgré l'apparente curiosité que chacun éprouvait en l'observant.

Il provoqua un autre mouvement de masse en sortant son arbalète et sa machette du coffre, mais cette fois ce ne fut pas un mouvement de recul aussi léger. Tous reculèrent brutalement à la vue des armes, certains ne pouvant retenir une grande inspiration sonore indiquant qu'ils étaient effrayés. C'était assez compréhensible d'observer une telle réaction quand un étranger débarquait dans un véhicule qui vous était inconnu et sortait des armes de celui-ci. Mais il n'en tint pas compte et se contenta sangler sa lame à sa ceinture et d’arnacher l'arbalète dans son dos, puis il avança en direction de la foule qu'il traversa sans problème, passant au travers comme s'il avait s'agit d'une foule de mannequin en carton. Il marcha silencieusement et se dirigea vers les étalages de marchands afin de refaire ses stocks de provisions. D'abord quelques peu intimidé par l'apparence assez bourrue et imposante de son nouveau client, le marchand se résigna à entamer la discussion sur ses produits en entendant l'homme le rassurer et lui promettre qu'il ne lui voulait aucun mal d'une voix extrêmement calme et pacifique. Il lui proposa moult variété de viandes et de provisions alimentaires, mais tomba des nues lorsqu'il lui demanda où il pourrait trouver de l’essence. Il annonça avec regrets qu'aucun des marchands de cette ville ne pourrait lui en vendre, et il entendit certains murmurer dans la foule qui le suivait de loin des interrogations. Visiblement, peu de personnes savaient encore ce qu'était du carburant, ce qui expliquait pourquoi ils avaient tous l'air aussi surpris quand ils le virent arriver dans son carrosse de taule métallique.

Il soupira intérieurement, s'efforçant de ne pas le laisser paraître pour ne pas que cela puisse être considéré comme de la désinvolture et de l'impolitesse et se contenta de remercier le marchand pour les quelques provisions qu'il lui avait vendu. Il s'en retourna ensuite à sa voiture pour y déposer son sac de provisions dans le coffre, à l'abri sous un grand morceau de cuir qui conserverait plus ou moins la chaleur et permettrait d'éviter à ses rations de geler. Une fois ses affaires déposées, il se retourna, contemplant la ville sous tous ses angles. Les bâtiments étaient vraiment presque tous délabrés, et semblaient même pour certains être complètement à l'abandon. Quand son regard se balada sur la foule, qui s'était peu à peu dispersée, il pu constater avec une certaines note de désolation que la condition des habitants de cette ville n'était guère meilleure que l'image reflétée par l'état pitoyable des bâtiments. Ils portaient presque tous des vêtements qui ressemblaient davantage à des guenilles qu'à autre chose. Le tissu de leurs manteaux était tellement abîmé qu'ils en étaient troués de partout, expliquant qu'ils grelottaient malgré l'épaisseur de leurs manteaux. Après être resté immobile pendant un long moment, se contentant d'observer la misère de cette ville et de ses habitants, il se mit en quête de trouver le responsable de la cité. Il déambula dans les rues couvertes de neige, le regard s'attardant sur tous les bâtiments qui longeaient la route, ne regardant pas devant lui un seul instant. Il fut soudainement percuté par quelqu'un, et les deux perdirent l'équilibre, tombant au sol. Ne réagissant pas sous le coup de la surprise, il se releva, tendant sa main à l'autre personne pour l'aider à se relever à son tour, et déversant un flot interminable d'excuses.

''Pardonnez-moi, je ne vous avez pas vu, je …
-Garde tes excuses pour d'autres, va.''

Son interlocuteur lui répondit d'une voix très féminine, et quand ce dernier se releva, il constata qu'il s'agissait d'une très jolie jeune femme aux yeux marrons couleur caramel en forme d'amande, dont les cheveux bruns foncés paraissaient presque noirs. Elle avait dans le regard une expression qui alliait une beauté envoûtante et un air de défi, qui lui donnait un aspect menaçant. Elle se releva, tapota son pantalon pour enlever la neige qui s'y était agrippée, puis ramassa son sac et passa son chemin. Le jeune homme la regarda s'en aller, subjugué par ce qu'il venait de voir ; jamais il n'avait vu de femme aussi belle. Ou bien était-ce du à sa longue vie solitaire ? Reprenant ses esprits sans pour autant chasser ces questions de ce dernier. Marchant sans cesse, il déboucha bientôt sur une vaste allée illuminée de milliers de lanternes, éclairant timidement la vaste rue de leur petites flammes, donnant un aspect très chaleureux à l'endroit, malgré le froid ambiant qui mordait la peau, même sous les nombreuses couches de vêtements qu'il portait.

Reprenant sa route après s'être arrêté pour apprécier cette vision réconfortante, il longea la grande avenue pour finalement tomber devant une immense propriété. Le domaine semblait s'étendre sur au bas mots un bon kilomètre carré, entouré tout le long de son périmètre par de hautes et solides barrières qui semblaient ne pas être fragilisées par le froid, et au sommet d'un légère colline à quelques mètres de la grille où il se tenait, on pouvait apercevoir la demeure : c'était un immense manoir, semblant sortir tout droit d'une histoire qu'on raconte pour effrayer les gens. Il renonça vite à compter le nombre de fenêtres qui s'étalaient sur les trois étages de la construction, tellement massive qu'elle en faisait se sentir minuscule son unique observateur en cette soirée glaciale. Contemplant un long moment la suprématie de la demeure, il se décida à pousser la grille et à monter les marches jusqu'à la porte d'entrée. Il frappa alors lourdement sur le bois massif de la porte avec l'anneau en métal prévu à cet effet, puis attendit que l'on vienne lui ouvrir. Le temps s'écoula pendant de longues minutes avant qu'il n'entende enfin des mouvements à l'intérieur du manoir, puis on vint lui ouvrir la porte. Un homme se tenait devant lui, la mine hautaine et dédaigneuse. Il avait le crâne presque chauve, sans doute le résultat d'une calvitie avancée due à son vieil âge, à en juger par les poils gris de sa moustache qui masquait sa bouche et qui s'accordait parfaitement avec son élégant smoking noir. Il demanda d'une voix emplie d'un mépris qu'il n'avait même pas prit la peine de masquer la raison de la présence du jeune homme devant cette porte. L'intéressé répondit qu'il venait d'arriver en ville et qu'il souhaitait rencontrer le dirigeant. L'homme lui fit signe d'entrer et le convia à s'asseoir sur un banc. Le jeune homme s'exécuta et retira son manteau pour le poser sur le porte manteau prévu à cet effet. Puis il observa alors l'intérieur du hall d'entrée.

À l'image de l'extérieur, l'intérieur de la demeure était étonnamment luxueuse et immense. Les murs étaient recouverts d'une peinture blanche qui agressait ses yeux, plus habitués à tant de luminosité depuis que le soleil s'était couché quelques heures auparavant. En face de lui, il pouvait voir une grande et large voûte qui menait à une sorte de salon, incroyablement bien meublé. Au centre de la pièce, en face de la pièce d'entrée, un large escalier se scindait en deux en atteignant le mur longeant les bords du hall pour mener aux étages supérieurs. De nombreux tableaux ornaient les murs du hall, représentant chacun un thème différent, donnant à l'ensemble un aspect très disparate. Il eu le temps de détailler plusieurs de ces peintures, vestiges d'une époque révolue, jusqu'à ce que l'homme qui lui avait ouvert revint après sa longue absence. Il lui fit signe de le suivre et le conduisit au deuxième étage, devant une porte sur laquelle on pouvait lire ''Bureau de Travail''. Le vieillard frappa à la porte, puis répondit à la voix qu'on entendit depuis l'intérieur en annonçant la raison de sa présence. La voix de l'intérieur lui ordonna alors de faire entrer l'hôte fraîchement arrivé. Le vieil homme poussa la porte et fit signe au jeune homme d'entrer. Se dernier s'exécuta sans dire un mot et entra dans le bureau. Les deux murs latéraux étaient invisibles, masqués par d'immenses bibliothèques pleines à craquées de livres. Le sol était recouvert d'un immense tapis somptueusement décoré aux motifs sobres en couleurs. Et, entre les deux bibliothèques, devant la vaste fenêtre cachée par des rideaux fins, semblables à des voiles de mariées, se trouvait le bureau, avec un homme assis dans un fauteuil, faisant face à la fenêtre.

Le jeune homme s'avança, se racla la gorge pour s'annoncer et attendit une réaction. Le fauteuil se tourna peu à peu, permettant à son occupant de se retrouver face à son interlocuteur. L'homme en question affichait déjà sur son visage un certain âge, et le crâne légèrement dégarni parsemé de quelques cheveux blonds, dont les pointes commençaient à grisonner, vint appuyer cette hypothèse. Il dévisagea l'inconnu de ses yeux marrons et globuleux, tenant ses mains jointes devant sa bouche, les coudes posés sur le bureau. Puis il posa ses deux mains sur le bois, laissant voir une bouche large et aux lèvres assez épaisses, qui prononça ces mots :

''Bien le bonsoir, cher voyageur. Puis-je savoir qui vous êtes, et ce qui vous amène ici, dans ma belle ville de North Platte ?
-Bien le bonsoir à vous.'' Le jeune homme ne tint pas compte du manque de politesse de son hôte qui n'avait pas daigné se présenter et continua sur sa lancée. ''Je ne suis qu'un simple vagabond, et j'ai fait halte dans votre ville afin de remplir mes réserves de provisions. Malgré tout, il me manque une ressource qu'aucun des marchands n'a su me procurer.
-Et quelle est donc cette ressource ?
-De l'essence. Voyez-vous, je parcours le monde à bord d'une voiture que j'ai réussi à remettre en état de marche, par je ne sais quel miracle. Je vous l'accorde, cela est assez difficile à croire, et j'ai moi-même été surpris d'y parvenir. Mais je suis presque à court de carburant.
-De l'essence ? N'avez-vous donc pas remarqué les charrettes et les chariots dans nos rues ? Nous n'avons plus eu de voiture ici depuis des siècles, alors de l'essence encore moins.
-Je ne me permettrais pas de vous demander une ressource dont vous ne disposez pas. Mais peut-être savez-vous où je puis m'en procurer.
-Mais certainement ! Retournez donc cinq cents ans dans le passé et vous en aurez autant que vous le voulez ! Vous êtes vraiment étrange, monsieur … ?
-Sutton. Liam Sutton.
-... monsieur Sutton. L'essence est une denrée qui a disparue de nos terres.
-Alors expliquez moi la présence d'une voiture dans votre garage.
-Que … comment le savez-vous ?
-Les traces de pneus dans le parc qui entourent votre demeure sont plus que visibles.''

Le maître des lieux sembla pris de court. Il n'avait visiblement pas apprécié la remarque de Liam. Son air s'était figé dans une expression de stupeur mêlée à de l'indignation et de la colère. Il se renfrogna et leva la main dans un geste de dédain.

''Il suffit ! Jenkins, veuillez raccompagner ce jeune homme là où est sa place : dans la rue.
-Oui monsieur'' fit le majordome qui était resté à côté de la porte du bureau. Il saisit Liam par le bras, le tirant de force hors de la pièce et l'amena jusqu'au hall d'entrée. Il lui jeta alors son manteau à la figure et le poussa violemment par la porte. Dérapant sur une plaque de verglas, Liam perdit l'équilibre et dégringola jusqu'au bas des marches. Arrivé en bas, il leva les yeux vers la porte d'où il venait de tomber, et pu apercevoir un dernier instant Jenkins, relevant brusquement la tête dans un léger geste de dédain avant de refermer la porte. Se relevant, le corps endolori, Liam s'essuya le mince filet de sang qui coulait de sa lèvre ouverte, puis se dirigea vers la grille d'entrée.

Boitant dans les rues, il retourna à sa voiture, se demandant comment il allait bien pouvoir s'en sortir. S'il ne trouvait pas de carburant, il allait rester coincé ici ; la sédentarité n'était pas vraiment son fort, aussi il espérait trouver une solution le plus rapidement possible. Adossé contre la carlingue de son carrosse de taule, il se tenait les côtes, observant autour de lui. Il semblait toujours attirer autant les regards, mais il ne s'en préoccupa pas. Il se contenta de se remettre à marcher pour se diriger vers ce qui s'apparentait à une auberge. Il traversa donc la grand place avec peine, ses os lui faisant mal de partout. Une fois devant la porte, il poussa la grosse plaque de bois pour entrer dans le salon d'accueil. On aurait dit un vieux saloon, comme à l'époque du Far West et des Cow-boys. Liam avança lentement jusqu'au comptoir, où le barman lui demanda ce qu'il voulait.

''Une chambre pour la nuit … et un bon verre de ce que vous avez de plus fort.
-Pas de soucis, monsieur. J'ai justement une chambre qui s'est libérée hier. Elle est à vous pour cinq roublons la nuit.
-Parfait.''

Liam fouilla dans sa poche et sortit des bout de ferraille divers : les roublons était la monnaie d'échange standard. Des boulons, des vis ou des clous suffisaient, et on évaluait leur valeur à la taille et l'état dans lequel ils étaient. Satisfait de ce que Liam lui offrait, le gérant lui servit alors un verre, que le vagabond bu d'une traite avant de suivre son hôte jusqu'à la chambre qu'il occuperait pour la nuit. La pièce était assez petite, ne comportant qu'un lit dans un coin de mur, une chaise avec une petite ampoule accrochée au mur au dessus, ainsi qu'une petite table en bois à moitié rongée par les termites en guise de bureau. La fenêtre était également minuscule, pas plus grande qu'un des plateaux que Liam avait vu dans le salon en bas, et qui servaient à transporter les commandes des clients. Et son état était accordé à celui des murs. Ces derniers étaient craquelés, de longues fissures les parcourant de long en large, tandis que la fenêtre avait le verre fendu et crasseux.

Liam ne put s'empêcher de se sentir démuni devant l'aspect pitoyable de sa chambre, mais au moins passerait-il la nuit dans un lit en plus ou moins bon état. Il s'allongea sur le matelas qui semblait dater de plusieurs années, et se plongea dans un profond sommeil malgré les ressorts qui lui rentrait dans le dos et les flancs.








Chapitre 3


La nuit fut courte pour Liam, et lorsqu'il se réveilla, il ressentit le contre-coup de l'inconfort dans lequel il avait dormi. Il se massa les flancs, endoloris par les ressorts qui s'enfonçaient dans sa peau malgré le tissu du matelas qui tentait vainement de faire barrage. De plus, l'isolation n'était pas de meilleure qualité, et le froid ambiant de l'extérieur parvenait à se frayer un passage à travers une fissure dans le mur, de ça et là, rendant la chambre presque frigorifique. Ne désirant pas s'attarder trop longtemps, Liam se leva malgré la douleur qui lui pinçait les côtes et enfila uniquement son pull par dessus son torse, remit son pantalon et chaussa ses bottes avant de descendre dans le salon d'accueil. En y arrivant, il découvrit peu de personnes, et se pencha donc par la fenêtre pour essayer de déterminer l'heure qu'il était. Le soleil n'était pas encore là, il pointait timidement au delà de la ligne d'horizon, ce qui laissait à supposer qu'il était très tôt. Rien de surprenant à ce qu'il se soit réveillé à une heure aussi matinale, pensa-t-il. Lui qui avait pour habitude de voyager à longueur de journées, il s'était habitué à se lever le plus tôt possible pour couvrir toujours le maximum de distance avant que le soleil ne se couche.

Liam descendit donc les escaliers et se rendit au comptoir où s'alignaient quelques bacs en bois. Dans chacun de ses bacs se trouvait de la nourriture : céréales jaunies par le temps, pain rassi … Même si la qualité n'était pas forcément au rendez-vous, ce qui gêna le plus Liam au moment de se servir, ce fut la quantité : les bacs étaient tous presque vides. Il n'osa pas prendre plus qu'une minuscule portion et dégusta lentement sa maigre pitance. Une fois son repas fini, il décida d'aller explorer la ville, et aussi de trouver un moyen de récupérer de l'essence. Il alla donc chercher son manteau et sortit dans la rue. Malgré l'heure matinale, une certaine activité parmi les marchands régnait déjà, et on pouvait voir les quelques retardataires finir d'installer leur étable, dressant les toiles au dessus de leurs tables où ils allaient étaler leur produits. Liam déambula parmi les étalages, l'air absent, observant autour de lui, sans prêter grande attention à ce qui se passait à côté. Il alla s'asseoir sur un banc gelé, se frottant les mains pour les réchauffer, puis observa la ville s'éveiller doucement. Il se demandait toujours comment il allait faire pour se ravitailler en carburant, et surtout pourquoi il avait été si mal accueillit par le maire de la ville.

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la jeune femme qu'il avait bousculée la veille prendre place à côté de lui. Elle semblait furieuse et pestait contre on ne savait quoi. Lorsque Liam la remarqua s'asseoir, il tourna un regard perplexe vers elle, et cette dernière, ayant finit de s'acharner sur le vide en lançant des insultes à tout va, planta son regard dans celui du jeune homme.

''Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a, j'ai un truc sur le visage ?'' lança-t-elle d'un ton cinglant.
''Euh, non … pas du tout. Je me demandais juste ce qui avait bien pu vous arrivé pour que vous soyez dans un tel état.
-Cet abruti de maire qui en fait encore qu'à sa tête ! Il m'a encore saisi mes articles.
-Vos articles ? Vous vendez ici ? Mais je ne vous ai pas vu, hier soir.
-Je fouille les bois, les ruines à la recherche de camelote et de bric à brac à revendre, et je les ramène ici pour me faire de l'argent … sauf que le maire a envoyé ses larbins me saisirent mes biens.
-Il n'a pas été plus sympathique avec moi quand je suis allé lui demander un peu d'essence hier soir.
-De … De l'essence ?'' Elle écarquilla les yeux, comme stupéfaite. ''Mais pourquoi, et surtout comment aurait-il pu en avoir, il nous a pourtant dit qu'il n'y en avait plus depuis des siècles …
-Il vous a menti, j'ai l'impression.''

Les yeux de la jeune femme s'écarquillaient de plus en plus, mais elle tourna vivement la tête quand un rugissement terrifiant se fit entendre au loin. Des loups semblaient assez proches de la ville, et pourtant il n'y avait pas de bois à plus de trois kilomètres à la ronde. Toute l'activité encore naissante de la journée se stoppa net au son du hurlement. Liam releva aussi les yeux vers l'horizon, mais au même moment des gardes s'approchèrent de lui et la jeune femme. Alors qu'ils les sommaient de les suivre, un nouveau hurlement se fit entendre, beaucoup plus proches. Soudain, on entendit la vigie crier au loup. Littéralement, l'homme au poste de garde criait qu'une meute de loups approchait des portes de la ville. Très vite, on les entendit gratter contre la paroi métallique des grosses portes blindées. La panique s'installa alors, et tout le monde se mit à courir aux abris. Profitant de la courte déroute des gardes, Liam empoigna la main de la jeune femme et se mit à courir en lui hurlant ''Suis-moi !''. Au même moment, les portes cédèrent et les loups géants entrèrent. La panique fut alors totale, les gens fuyant dans tous les sens pour se mettre à l'abri, certains parvenant à atteindre leur maison pour s'y barricader, d'autre ne parvenaient même pas à faire plus de quelques pas avant de se faire attraper et déchiqueter par les loups affamés et enragés.

Les deux fugitifs couraient à toutes jambes, poursuivis par trois des loups, qui montraient leurs crocs et qui laissaient de longs filets de bave couler sur le sol enneigé. La jeune femme était terrifiée, tandis que Liam gardait tout son calme, se contentant de courir dans un direction bien précise. Au bout de quelques instants, ils débouchèrent sur la grande avenue que surplombait le manoir du maire. Ils coururent encore jusqu'à atteindre la grille, mais elle était verrouillée par un cadenas solide. Prise de panique, la jeune femme se mit à hurler.

''C'était un super plan ça dites moi ! Maintenant on a plus qu'à attendre qu'ils nous sautent dessus !
-Silence, on est pas encore fichus !''

En effet, les loups étaient encore assez loin, et Liam eu le temps de réfléchir à un plan pour ouvrir la grille. Il resta planté là, tenant fermement le bras de la jeune femme qui se débattait de plus en plus, criant et hurlant qu'elle voulait qu'il le lâche, pour tenter vainement de s'enfuir. Mais Liam garda son sang froid, et au moment même ou les deux loups prirent une impulsion pour bondirent sur eux, le jeune homme hurla à son acolyte de courir vers et eux. Ils s'élancèrent tous les deux et effectuèrent une roulade qui leur permit de passer sous les deux loups qui allèrent s'écraser contre la grille massive qui plia sous le poids des deux énormes bêtes. L'une d'elle fut empalée sur un des piquants de fer forgé qui formaient la porte, tandis que l'autre s'écrasa au sol, sonnée.

Profitant de cette ouverture, Liam courut vers la grille, enjamba la première créature, à l'agonie tandis que la barre de fer lui traversait la poitrine, et marcha sans vergogne sur la seconde bondissant d'elle une fois au niveau de son cou et en profitant pour lui asséner un violent coup de pied dans le museau, ce qui l'assomma presque, leur offrant un répit de plus longue durée. Il tendit alors sa main à la jeune femme, qui le suivit après quelques instants d'hésitation, et ils montèrent quatre à quatre les marches qui menaient au manoir du maire. Une fois en haut, Liam enfonça la porte sans ralentir l'allure. Il eut d'ailleurs tout juste le temps de freiner sa course pour éviter le coup de batte de base-ball que voulut lui asséner le majordome. Reprenant son équilibre, il recula en évitant de justesse la masse de bois que le vieil homme agitait vigoureusement malgré son âge avancé, mais il s'essoufflait à vue d’œil, et Liam ne tarda pas à trouver une ouverture. Il empoigna alors la batte, l'arracha des mains du vieillard et lui mis un coup de boule juste assez fort pour l'assommer.

Ensuite, sans dire le moindre mot, il fonça et prit la direction du garage, qu'il trouva après quelques instants de repérage dans la demeure dont il n'avait vu que le hall d'entrée et le bureau du maire. Il enfonça une nouvelle porte, et découvrit ce qu'il cherchait : deux splendides voitures – splendide n'était pas le mot, car leur aspect était délabré, mais le soulagement de Liam était tel qu'il les considérait comme les plus belles choses qu'il ait pu voir – se trouvaient là, et un peu plus au fond, des bidons d'essence. Liam se précipita vers eux et en prit plusieurs, mais il se rendit compte que sa joie lui avait fait oublier un soucis d'ordre pratique : il ne pourrait pas les transporter tous d'un coup, et même avec seulement un ou deux bidons, il serait trop ralenti pour pouvoir espérer échapper aux loups. Il se tourna alors vers la jeune femme, qui était toujours sur ses talons et qui observait la pièce avec stupéfaction.

''Aidez moi à charger ces bidons dans le coffre de cette voiture.
-Quoi ? Mais pourquoi ?
-Parce que je dois les ramener à la mienne. Sauf que si je les portes à bout de bras, je serai trop ralenti et les loups me tomberont dessus en moins de quelques secondes. On va les charger dans cette voiture et rejoindre la mienne.
-Pourquoi on ne prend pas tout simplement une de ces deux voitures ?'' demanda-t-elle d'un air crédule. La question n'était pas totalement dépourvue de sens en soi, il fallait l'admettre.
''J'ai toutes mes affaires dans ma voiture, mes provisions, mes armes … Et surtout, j'y tiens à cette voiture, mais ça ce n'est pas le plus important. Bref, aidez moi, on va les charger.
-D'accord …''

Malgré son ton hésitant, la jeune fille l'aida sans broncher et avec une efficacité des plus admirable. En moins de deux minutes, ils avaient chargé les dix bidons d'essences dans le coffre et sur la banquette arrière. Liam empoigna les clefs qui, par chance, étaient accrochées à un panneau au mur juste à côté de la porte qui permettait d'accéder au garage depuis la maison, s'installa, mis le contact et ne pris même pas le temps d'ouvrir la porte. Il écrasa la pédale d'accélération en enclenchant la marche arrière, défonçant la porte du garage, dont le métal avait été attaqué par la rouille et fragilisé par le froid, puis il fonça en direction de la grand place. Là ils trouvèrent un spectacle des plus horribles : des tas de morceaux de corps humains, arrachés brutalement au corps de leurs propriétaires, gisaient partout au milieu d'immenses flaques de sang.

Malgré l'horreur de la scène, Liam garda son sang du mieux qu'il put et sortit de la voiture pour ouvrir le coffre ainsi que celui de la sienne, pour transvaser les bidons, aidé par la jeune femme. Ils ne mirent pas plus de temps à les déplacer qu'à les charger, et ce fut tout à leur avantage, car de nouveau les loups se regroupaient à l'autre bout de la grand place et leur fonçaient dessus. Liam se jeta dans la voiture et démarra en trombe une fois que sa compagne, si l'on pouvait la dénommer ainsi, se soit installée non sans hésitation sur le siège passager. Même si la meute leur barrait la route, Liam n'eut pas le choix : il enfonça la pédale d'accélération et pria pour que la carrosserie tienne le coup. Les loups se heurtèrent au véhicule, et ce dernier perdit grandement de la vitesse, sans pour autant s'arrêter. La voiture continuait d'avancer inlassablement, se frayant un chemin parmi la meute de loups immenses qui s'écroulaient incroyablement facilement, sans doute fatigués par leur route pour atteindre la ville.

Liam aperçut enfin les portes de la ville, grandes ouvertes car littéralement éventrées, et fonça pour les traverser. Alors qu'il les pensait tous les deux à l'abri, la voiture fut violemment percutée sur son flanc gauche, et elle glissa sur le sol neigeux. Tout en continuant d'accélérer, Liam regarda ce qui avait causé ce choc brutal et pâlit aussitôt : c'était un ours massif d'au moins quatre mètres de haut lorsqu'il se tenait debout. Et le monstre chargea une nouvelle fois, heurtant la voiture avec toujours plus de férocité. À côté de lui, la jeune femme criait de peur en voyant la bête, et Liam se retourna en lui mettant une main sur le volant, dans le but de libérer les siennes pour fouiller sur la banquette arrière. Il en sortit alors sa machette qu'il tira de son étui, puis abaissa la vitre avec la manivelle, attendant que la bête charge de nouveau. Quand l'ours fit mine de se ruer encore sur la voiture, Liam donna un grand coup de volant vers la gauche et tendit son bras armé qui alla enfoncer la lame dans la gorge de la bête. Il la retourna plusieurs fois afin être sur d'avoir fait suffisamment de dégâts pour que le bête ne puisse pas charger dans un dernier effort avant de rendre son dernier souffle, puis retira son bras qui était douloureux, découvrant une belle taillade le long de celui-ci au travers de son manteau.

Lorsqu'ils furent assez loin et que les animaux avaient cessé de les poursuivre, la jeune femme se décida à rompre le silence de mort qui s'était installé dans l'habitacle de la voiture.

''Qu'est-ce que c'était que tout ça ?!'' hurla-t-elle. ''Vous sortez d'où vous, et vous m'emmenez où, là ?
-Je suis un vagabond des routes, et vous avez eu de la chance que je sois là pour vous sauver les miches, sans quoi vous seriez morte comme les autres.
-Vous ne les avez même pas aidés ! Vous n'êtes qu'un monstre !
-Si j'avais tenté de les aider, on serait mort tous les deux. Désolé mais dans ce monde, c'est marche ou crève. Sauve ta peau ou bien laisse toi mourir.
-Et pourtant vous m'avez sauvé moi … pourquoi ?
-Tu étais juste à côté de moi, je ne risquais pas ma vie à sauver la tienne.''

La jeune femme se tut alors, les yeux exorbités suite aux propos de Liam. Ce dernier comprenais sa réaction, car il avait aussi connu cela. Lui aussi avait connu cet état d'esprit où abandonner une vie à son triste sort vous hantait pendant des jours et des nuits, vous rongeant l'âme et vous torturer l'esprit sans cesse. Mais depuis il avait mûrit, et il avait ainsi compris qu'il ne pourrait pas survivre dans ce monde s'il s'attachait à chaque vie humaine qui le quittait. Aussi avait-il fait le choix difficile de sauver sa propre vie au détriment de celle des autres. Néanmoins, il venait de déroger à sa règle d'or avec cette jeune femme, pour une raison qu'il ignorait encore. Le voyage se poursuivit un long moment dans le silence, la jeune femme ne sachant que dire face à un homme comme son sauveur, qui venait de lui avouer qu'il ne l'avait pas sauver par compassion mais parce qu'elle avait eu la chance de se trouver sur sa route.

Au bout de plusieurs heures d'un silence de mort, Liam arrêta la voiture dans les bois, après avoir vérifié qu'aucune bête ne rôdait dans les parages. Il sortit du véhicule et alla dans le coffre sortir les couvertures et les coussins. Par chance, il en avait plusieurs au cas où l'un venait à être inutilisable. Il en tendit donc un à la jeune femme, accompagné d'une couverture bien chaude, puis s'allongea sur la banquette arrière et installa le coussin avec sa couverture. La jeune femme resta quand à elle immobile, le fixant avec des yeux indécis. Remarquant le regard insistant qui planait sur lui, Liam rouvrit les yeux quelques instants à peine après les avoir fermés.

''Qu'y a-t-il ?
-Vous êtes … difficile à cerner.
-Que dois-je comprendre ?
-Vous prétendez n'avoir rien à faire de la vie des autres et ne vous préoccupez que de la vôtre, mais … dans ce cas, pourquoi m'avoir sauvée ? Ça ne rime à rien.
-Je te l'ai dit, tu étais au bon endroit au bon moment. Je t'ai sauvée parce que tu étais à côté de moi.
-Non, c'est absurde, sinon vous auriez tenté de sauver aussi d'autres personnes … C'est autre chose.
-Imagine toi ce que tu veux, si ça te chante.''

Il se retourna sur le côté, lui tournant le dos, et ajouta simplement un ''Tu devrais dormir'' avant de sombrer lui même dans le sommeil. La jeune femme fit de même, et malgré son état troublé, elle parvint par fermer les yeux et s'endormir. La nuit passa sans trop d'encombre...



N.B : Je n'ai jamais réussi à écrire la suite, malheureusement, car l'inspiration s'en est allée ailleurs. Le projet reste toujours en attente, qui sait, peut-être qu'un jour il trouvera une suite !
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